samedi 4 février 2012

Et voilà notre théâtre


La première chose que j'avais en tête en ouvrant ce blog était donc de parler de l'université, de ce qu'elle est, de ce qu'on y fait, de ce qu'on y vit. Tout d'abord parce que l'enseignement supérieur est devenu un passage presque obligé pour l'essentiel de la génération montante et que l'université en reste quoi qu'on en dise la composante emblématique ; d'autre part parce que c'est le milieu dans lequel je vis au quotidien, et qu'il constitue donc pour moi le décor régulier de ces carnets.

Alors qu'est-ce qu'une université ? Il s'agit d'un établissement d'enseignement supérieur et de recherche qui forme des étudiants à différents diplômes de niveau Licence/Master/Doctorat (nonobstant quelques exceptions remarquables), produit une activité de recherche dans diverses disciplines et participe au rayonnement culturel et scientifique de la France dans le monde.

Une université est composée d'un ensemble d'Unités de Formations et de Recherche (UFR, qui remplacent depuis la Loi n°68-978 du 12 novembre 1968 d'orientation de l'enseignement supérieur les anciennes facultés) et dans certains cas d'un nombre variable d'Instituts (principalement les Instituts Universitaires de Technologie, mais il en existe d'autres). Ces Unités et Instituts sont eux-mêmes découpés en départements pour l'enseignement et en laboratoires pour la recherche. Un enseignant-chercheur (l'enseignant universitaire de référence) sera donc à la fois membre d'un département et d'un laboratoire (et devra donc composer avec les agendas et objectifs de ces deux entités, qui n'ont pas toujours les mêmes priorités).

Une des questions essentielles qui se pose au sujet des universités est de savoir pourquoi avoir tenu à associer si étroitement enseignement et recherche dans un même établissement, surtout lorsque l'on connaît la réputation (largement infondée comme beaucoup de réputations, mais ce sera l'objet d'un futur billet) des chercheurs qui selon beaucoup font de piètres enseignants. L'idée en est pourtant fort simple : dans des établissements destinés à proposer un enseignement de pointe, il apparaît particulièrement efficace de faire en sorte que ceux qui produisent la connaissance (les chercheurs) participent de la première ligne de diffusion. Ainsi les cours de niveau Master (qui sont censés être ce qu'il y a de mieux, il n'existe pas de formation « au-dessus » du Master) prennent une forte plus-value, puisque clairement liés aux dernières découvertes et innovations dans leur discipline.

Bien entendu ce concept « d'enseignement à la pointe de l'innovation » tend aussi à la mauvaise image de l'université en France, les employeurs préférant parfois que leurs jeunes recrues reçoivent une formation moins « pointue » et plus « opérationnelle ». Face à des entreprises qui trop souvent ne jurent que par les diplômes Bac+5 (diplôme d'ingénieur en tête), le contenu des formations apparaît souvent peu en phase avec les attentes des DRH (alors que les formations « opérationnelles » se font beaucoup au niveau L avec les BTS, DUT et Licences Professionnelles). Tout ceci résulte d'un glissement (qui en soi n'est pas négatif) dans la place et le rôle de l'université au fil des années, qui au-delà de la formation académique de ses étudiants, doit aussi assurer une formation « professionnelle » (même si peu sont d'accord sur ce que signifie professionnelle en définitive).

En effet, depuis la Loi n° 2007-1199 du 10 août 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités l'orientation et l'insertion professionnelle des étudiants font partie des missions premières de l'université. Cela ne veut pas dire que l'université ne se souciait pas de ces questions auparavant, cet ajout en tant que mission officielle étant principalement une question d'affichage. L'université est devenue un point de passage pour la majorité des jeunes, et il est donc normal d'aider ces jeunes à se préparer à leur avenir professionnel lors de leur formation. Le point délicat étant de savoir ce que l'on met derrière cette « préparation de l'avenir professionnel », pour ma part, je pense qu'il s'agit essentiellement de donner aux étudiants les clés pour pouvoir entrer sur le marché de l'emploi et y naviguer sereinement, en commençant par leur transmettre des connaissances et des méthodes qui leur permettront d'évoluer tout au long de la vie (parce que 42 ans de carrière, c'est long) et de leur donner les informations essentielles sur cet univers qu'ils ne connaissent souvent que très peu (par exemple en les initiant au droit du travail).

C'est donc dans ce cadre complexe, partagé entre enseignement académique, recherche et formation professionnelle que vont évoluer près d'un million et demi d'étudiants français chaque année (voir à ce sujet les statistiques de l'INSEE). Et c'est le fonctionnement de ce petit théâtre que je détaillerai au fur et à mesure dans de prochains billets.

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